lundi 24 juillet 2017

Où un blog peut mener !

Anna Sam a 27 ans, fait des études littéraires poussées, et, travaille comme caissière dans une grande surface.

"J'ai été caissière durant presque 8 années. J'ai commencé ce boulot d'abord parce que je voulais avoir un peu d'indépendance, puis pour financer mes études. Et faute d'avoir un emploi dont je rêve, j'ai continué ce petit boulot, parce que malgré tout, "c'est pas si pire" comme on dit".

Dans son blog, qu'elle ouvre en 2007, elle raconte le quotidien des hôtesses de caisses de grandes surfaces.

Son blog sera suivi par des milliers de personnes, elle en fera un premier livre qui sera un très grand succès. Traduit en 21 langues et vendu à un demi-million d'exemplaires dans le monde, il sera adapté au cinéma en 2011.

Si tous les blogueurs n'ont pas le même succès, il est intéressant de regarder de près cet exemple.


Pourquoi le blog sur "les tribulations d'une caissière"


"Les tribulations d'une caissière Vis ma vie au fil des caisses" est partie de l'écriture au jour le jour d'anecdotes dans un blog. Je laisse l'auteure s'expliquer:

"Des caissières, on en voit à chaque fois qu'on va faire ses courses.
Ces espèces d'automates qui passent les articles aussi vite que possible pour que le client n'attende pas trop.
Le sourire plus ou moins figé, quelques paroles et banalités échangées...

C'est mon métier."   [...]

Et je suis loin d'être un cas isolé. De nombreux employés de caisse sont arrivés à ce poste un jour un peu par hasard et y sont restés plusieurs années.
Pourquoi ?

Chacun a ses raisons, mais les faits sont là : même les plus diplômés se retrouvent aussi à travailler en caisse. N'y voyez pas là un sot ou un sous métier. Car être caissière ou caissier n'est pas une tare. C'est un métier (même s'il ne paie pas lourd) qui permet à bien des personnes d'apporter un salaire à la fin du mois.

A travers ce blog de caissière, je vous livrerai par épisodes ou feuilletons certaines anecdotes et autres faces cachées du petit monde de la caisse.

"caissière no futur" c'est le quotidien de ce métier si répandu et pourtant si méconnu."

Comment le blog est devenu livre

Sans connaitre, dans ce cas, le détail de cette transformation, c'est une façon un peu originale mais très fréquente d'écrire un livre.

Comme je l’expliquais dans mes articles antérieurs, le blog est une sorte de puzzle dont les pièces, au fur et à mesure de leur production, ne sont pas assemblées.

Mais il suffit de les regrouper pour faire émerger une composition qui n'attendait qu'à s'exprimer.

Dans mon article "Le roman-feuilleton ancêtre du blog ?", je rappelais comment les auteurs de feuilletons dans les journaux étaient devenus de grands auteurs classiques. 

De même, écrire un blog donne progressivement la base d'un livre qui ne demande qu'à être édité.


Qu'est-ce qui, dans ce cas, a été déterminant dans cette réussite

Le site "MODE(S) D'EMPLOI le mode du travail décrypté par Régionsjob" publie une interview sur "les tribulations d’une caissière devenue écrivain"

 « Ce passage était obligatoire. Si je n’avais pas fait ce boulot-là je n’aurais jamais écrit le bouquin. Avant j’écrivais bien des nouvelles, mais en les relisant après coup, je rigole ». 

2007, Anna lance son blog caissierenofutur.over-blog.com. « Cela c’est fait un peu par hasard. Je cherchais des livres et des sites sur le métier de caissière. Je ne trouvais rien d’intéressant, c’est pourquoi je me suis lancée ». Et très vite de connaître la joie des premiers lecteurs : « 10-15 visites par jour, j’étais ravie. Puis au bout d’un mois, Martin Vidberg (auteur de l’Actu en patates sur Le Monde.fr), cite mon blog. De 15 visites, je passe très vite à 200 par jour. Ensuite, le bouche-à-oreille a fonctionné ».

Les médias s’emparent de son histoire et une maison d’édition la contacte. « Au départ, on m’avait prévenu qu’on écoulerait au mieux 1.000 exemplaires ». Le succès dépasse toutes les attentes : le livre se vend à plus de 500.000 exemplaires et sera traduit dans 21 langues. « C’était totalement inattendu, j’étais la première surprise par ces chiffres. On ne peut pas imaginer une telle chose ».
Un film !

Janvier 2008, Anna quitte son emploi de caissière. « Ma décision n’avait rien à voir avec le blog. J’avais largement fait le tour du métier, je n’avais aucune évolution de travail possible et quand tu as un Bac +5, tu rêves quand même de faire autre chose ».
Ce qui ne l’empêche pas de prendre toujours la défense de ses anciennes collègues. « On répète tout le temps que caissière est un métier de merde. Mais ce travail m’a amené là où j’en suis aujourd’hui. Je pense qu’il faut savoir montrer le côté positif de chaque expérience et savoir en tirer le meilleur partie pour avancer ».

Touchées par la réussite d’Anna, les retours de ses collègues sont positifs. « Elles ont été les premières à acheter le livre et à me demander des autographes. Elles étaient fières de ce que j’ai écrit sur elles, ça changeait du regard que l’on porte habituellement sur les hôtesses de caisse ».

Mais l’aventure ne s’arrête pas là. En 2011, son livre est porté à l’écran. Critique, elle juge après coup que « Les tribulations d’une caissière » est trop éloigné du livre, transformé en une histoire d’amour gentillette qui dépeint mal le monde de la distribution ». 
D’ailleurs, les chiffres du box-office peinent à décoller. Qu’importe, « ça reste un kiff monumental de voir son nom au cinéma ! »

Aujourd’hui, Anna entame une nouvelle histoire. Elle s’occupe de son enfant en bas-âge et prépare ses prochains projets qu’elle souhaite « rendre en septembre à son éditeur. Si tout va bien… »

Le principal mérite du blog comme du livre est de dépeindre de l'intérieur un
Le blog les tribulations d'une caissière
milieu à la fois très côtoyé mais aussi très méconnu

Le plus curieux est la banalité des descriptions.
Quand j'ai lu le livre, même s'il y a de l'humour et de anecdotes originales, la plus grande partie des contenus m'a semblé très banale.

A plusieurs moments, je me suis demandé pourquoi je lisais des histoires de situations que j'avais vues ou devinées à chaque fois que je vais au supermarché.

Et pourtant, j'ai continué à lire et terminé le livre avec le sentiment d'avoir découvert un autre monde.
Je crois que c'est dû à la façon personnelle de raconter le vécu avec les émotions et les indignations qui créent une approche "vraie" d'une réalité qu'on se surprend à ressentir, à comprendre progressivement.

C'est ce qui fait écrire à une blogueuse présentant ce livre (A demi-mot):

"Ce livre est criant de vérité", 
"C'est donc un récit drôle, ironique, touchant aussi, que vous pourrez découvrir et qui vous fera certainement voir les caissières différemment. Si vous êtes vous aussi du métier, vous ne pourrez que sourire face aux similitudes avec vos propres tribulations."
Tout en notant cependant "qu'il n'y a pas de réel fil conducteur, cela peut devenir un peu redondant. Je dirai seulement qu'il souligne peut-être un peu trop les aspects négatifs"  (Critique que je ferais moi aussi mais qui est aussi le produit des situations vécues).

"Les Tribulations d'une caissière est un livre divertissant, qui ouvre les yeux sur ce quotidien rythmé par les bip, au revoir et merci."...  "il m'a permis de débuter dans le métier, avec le sourire."

Maintenant, Anna Sam, dans ses bilans et objectifs écrit: "Aujourd'hui, je rêve de faire évoluer la vision que nous avons sur tous ces métiers en relation clientèle, ces métiers souvent qualifiés de basiques mais qui, en réalité, font toute la richesse d'une entreprise."

C'était déjà sa motivation, plus personnelle, et pas encore si ambitieuse dans les premiers billets de son blog.

Quelles conclusions en tirerez-vous pour votre blog ?

Ecrivez-les moi, je vous retournerai les avis recueillis.

Cet exemple est une belle illustration de la question posée dans mon article: "Si votre blog a beaucoup de concurrents, comment se différencier ?"